Terminales géopolitiques
Thème 2 – Faire la guerre, faire la paix :
formes de conflits et modes de résolution
vendredi 12 décembre 2025
Étude conclusive | Le Moyen-Orient : conflits régionaux et tentatives de paix impliquant des acteurs internationaux (étatiques et non étatiques).
Introduction : le Moyen-Orient, quelles limites, quelles caractéristiques, pourquoi est-ce un foyer de conflits ?
❑ Moyen-Orient : une expression américaine. Pour l’Europe, c’est le Proche-Orient.
- Il inclut les rivages de la Méditerranée orientale (le Levant ou Proche-Orient), la Mésopotamie (Irak) et la péninsule arabique ainsi que l’Iran (Perse), et aussi la Turquie.
- Une région principalement musulmane, qui contient les lieux saints de l’Islam (La Mecque et Médine en Arabie Saoudite, et Jérusalem). De plus, les musulmans sont divisés entre sunnites (la majorité des pays arabes et la Turquie) et chiites (l’Iran, des minorités au Liban et en Syrie – une majorité en Irak –, ainsi qu’au Yémen et à Bahrein). Au Liban existe une minorité chrétienne importante (maronite), une autre en Égypte (coptes), et des minorités chrétiennes numériquement plus faibles dans la plupart des pays.
❑ Pourquoi des conflits ?
- Pour des motifs religieux ? En fait, les conflits ont une dimension religieuse, mais il ne s’agit pas de guerres de religion. Les affects religieux sont mobilisés pour d’autres motifs, qui sont politiques et géopolitiques (à l’époque de l’Empire ottoman, la coexistence des différentes confessions, malgré des tensions, se faisait sans difficultés insurmontables sous prépondérance islamique).
- Pour le pétrole ? C’est un élément qui compte, mais qu’il ne faut pas surestimer. Les E-U sont devenus, depuis le Onze-septembre, exportateurs nets d’énergie. Ils n’ont plus besoin autant qu’avant du pétrole du MO. En fait, l’intérêt des E-U pour le MO a d’abord été fondé sur la géopolitique : Truman (pdt de 1945 à 1953) indique dans des Mémoires qu’il a été sensible à la situation du MO à l’intersection de trois continents (Afrique, Europe et Asie). Il avait aussi lu l’histoire de l’empire d’Alexandre. Dans l’opinion américaine, la culture biblique a aussi joué (avec une explication de l’alliance américano-israélienne).
- un élément important : l’absence de puissance régionale indiscutable depuis la fin de l’Empire ottoman en 1918. On a depuis lors des rivalités, qui ont été compliquées par l’intervention de puissances extérieures (F et GB entre les 2 GM, E-U et URSS pendant la GF, E-U seuls depuis la fin de la GF). La création d’Israël a encore compliqué les choses. Une chose est sûre, aucun des candidats possibles à l’hégémonie régionale n’est en mesure d’y parvenir (Iran, Turquie, Israël, et à certains moments l’Égypte, l’Irak). L’Arabie Saoudite non plus : elle est riche, puissante par le pétrole, mais représente un islam minoritaire, wahabite. Sa monarchie absolue reste un repoussoir pour bcp d’Arabes. L’Irak de Saddam Hussein (1975-2003) a essayé de jouer ce rôle, jusqu’à l’intervention anglo-américaine.
Un char israélien Merkava à Gaza en octobre 2023. À la suite des massacres du 7 octobre, Israël réagit, comme il était prévisible, par la manière forte. C'est une situation d'escalade, où Israël l'emporte militairement à l'échelle locale, mais où le Hamas gagne des points à l'échelle mondiale : la protestation contre le « génocide » à Gaza mobilise les foules, de l'Europe aux universités américaines. Par ailleurs, plusieurs États européens, dont la France, ont reconnu l'État de Palestine, ce qui là encore est un revers pour Israël. Les États-Unis ont soutenu sans faille l'effort militaire israélien, jusqu'à mener une opération conjointe contre les installations nucléaires de l'Iran. Donald Trump, ayant permis à Israël de vaincre l'Iran, le Hezbollah libanais et le Hamas, a pu imposer son plan de paix à Benyamin Netanyahou. L'armistice tient pour l'instant, mais le succès du plan Trump n'est pas encore acquis.
A. Du conflit israélo-arabe au conflit israélo-palestinien : les tentatives de résolution, de la création de l’État d’Israël à nos jours
➪ Entrée en matière : un article de la Neue Zürcher Zeitung sur l'ouverture partielle par Israël du poste frontière de Rafah entre le territoire de Gaza et l'Égypte (4 décembre 2025). Qu'est-ce que cet article nous apprend sur le conflit israélo-palestinien aux échelles régionale et mondiale ?
❑ 1948 : la création de l’État d’Israël. C’est l’aboutissement du mvt sioniste, né en Europe orientale à la fin du XIXe siècle. Le sionisme (= retour à Sion, à Jérusalem) s’inspire des nationalismes européens. Pendant la 1re GM, le gvt britannique publie la déclaration Balfour (1917), un texte qui promet la création d’un « foyer national juif » en Palestine ap. la guerre (le texte anglais parle d’un « home »). Ce foyer, le « Yichouv », croît ds l’entre-deux -guerres (⇒ tensions croissantes avec les Arabes). Fait décisif : les persécutions nazies et le génocide, d'où un afflux de plusieurs centaines de milliers de juifs d’Europe en Palestine, ce qui permet à David Ben Gourion de proclamer l’État d’Israël. Le plan de partage prévu par l’ONU en 1947 n’est pas appliqué en raison de la 1re guerre israélo-arabe. L’État hébreu est aussitôt attaqué par les États arabes voisins menés par l’Égypte. Or, c’est Israël qui gagne. L’État arabe de Palestine n’est pas créé.
❑ Pour les Palestiniens, c’est la « catastrophe » (naqbah). Les Israéliens ont forcé les civils palestiniens à fuir, avec des actes d’intimidation allant jusqu’à des massacres. Si les Arabes avaient gagné, ils projetaient de « rejeter les juifs à la mer » (ou de les supprimer). C’est l’historiographie israélienne qui a établi les crimes de guerre en marge de la guerre d’indépendance. ⇒ Les Palestiniens se réfugient ds les territoires qui restent hors d’Israël, la Cisjordanie et Gaza. Certains s’établissent en Jordanie, où ils deviennent plus nombreux que les Jordaniens.
Carte d'Israël sur le site du Ministère des Affaires étrangères.
Carte des territoires palestiniens sur le site du Ministère des Affaires étrangères.