Des vaches laitières à Logonna-Daoulas le 30 août 2020. Derrière l'apparence « naturelle » des paysages ruraux et des animaux domestiqués, on oublierait facilement que l'environnement a été façonné en profondeur par les sociétés humaines. Ces animaux placides sont des représentants d'une race bovine (« Pie Noir ») optimisée pour la production laitière (3600 litres de lait par an). Une fois la phase de production laitière optimale achevée, les vaches sont « valorisées » pour la boucherie [ voir la documentation de l'association agronomique Solagro].

Thème 5 : l'environnement entre exploitation et protection : un enjeu planétaire.

 

Introduction : qu'est-ce que l'environnement?

 

Comment la définition et la place de l'environnement ont-elles évolué jusqu'à devenir un enjeu politique majeur pour nos sociétés ?

 

Lire : Une première prise de conscience de la question environnementale à l'époque de la révolution industrielle. Élisée RECLUS, « Du sentiment de la Nature dans les sociétés modernes », 1866 (extrait).

 

Analyse :

Né en 1830 et mort en 1905, Élisée Reclus a été l’un des plus grands géographes français du XIXe siècle. Contemporain de la révolution industrielle, il a aussi été l'un des précurseurs de la géographie de l'environnement.

Dans ce texte, « Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes », il tente de concilier l’exploitation de la nature qu’il approuve et la destruction des milieux naturels qu’il déplore.

Par certaines remarques, Reclus montre qu’il est un homme du XIXe siècle. C’est un progressiste résolu ; selon lui, le progrès des sciences et des techniques fait avancer l’humanité. La première phrase signifie qu’il voit dans l’occupation de la terre la vocation de l’humanité. Il se plaît également, dans le dernier paragraphe, à évoquer les explorateurs qui, à l’époque, parcourent le monde à fin de reconnaître les dernières terres inconnues. Élisée Reclus est aussi influencé par la Révolution française. C’est pourquoi, à la fin du deuxième paragraphe, il évoque « le despotisme des prêtres et des rois ». Cette expression prend son sens si l’on se souvient que le texte de Reclus est publié sous le Second empire. L’anarchiste qu’est Reclus voit dans l’empereur Napoléon III (1852–1870) une nouvelle figure du despotisme. En 1866, le régime républicain auquel aspire Reclus est toujours à faire.

De même, le thème du sentiment de la nature vient d’une inspiration romantique. Pour les romantiques, qui dominaient la scène littéraire pendant la jeunesse de l’auteur, le sentiment de la nature est une donnée essentielle. Depuis Rousseau, on admettait que c’est au contact de paysages sublimes que se fait l’éducation morale des individus. Élisée Reclus dit au fond la même chose : pour lui, l’homme ne peut s’épanouir qu’au milieu d’une nature belle, Il convient donc de la respecter et d’en préserver la beauté : il ne faut pas (lignes 21-22) que « toute poésie [disparaisse] du paysage ».

Cette idée du sentiment de la nature, qui donne son titre à l’article, nous amène à ce qui fait la modernité d’Élisée Reclus. Celui-ci envisage en effet une « harmonie » entre l’homme et la nature (lignes 17-19). Il reproche aux « soi-disant positivistes », c’est-à-dire à ceux qui font au progrès une confiance aveugle, de ne pas penser à la nécessaire préservation de la nature. D’où les reproches de brutalité (ligne deux), d’imprudence (ligne 20), jusqu’à l’idée que les sociétés qui détruisent la nature pourraient « s’en repentir » (ligne 21).