La limite de la zone centrale du parc national des lagunes de Poméranie occidentale en Allemagne, sur la Mer Baltique, le 16 juillet 2025. Le parc a été institué par le gouvernement de la République démocratique allemande la 12 septembre 1990, juste avant la réunification qui est entrée en vigueur le 3 octobre suivant. Certaines zones font l'objet d'une protection intégrale, qui implique l'interdiction faite au public d'y accéder. L'idée des parcs nationaux est née aux États-Unis au XIXe siècle et sera étudiée dans la conclusion de ce thème d'étude.

Mercredi 3 septembre 2025

Thème 5 : l'environnement entre exploitation et protection : un enjeu planétaire.

 

Introduction : qu'est-ce que l'environnement?

 

➣ Comment la définition et la place de l'environnement ont-elles évolué jusqu'à devenir un enjeu politique majeur pour nos sociétés ?

 

Des vaches laitières à Logonna-Daoulas le 30 août 2020. Derrière l'apparence « naturelle » des paysages ruraux et des animaux domestiqués, on oublierait facilement que l'environnement a été façonné en profondeur par les sociétés humaines. Ces animaux placides sont des représentants d'une race bovine (« Pie Noir ») optimisée pour la production laitière (3600 litres de lait par an). Une fois la phase de production laitière optimale achevée, les vaches sont « valorisées » pour la boucherie [voir la documentation de l'association agronomique Solagro].

 

L'environnement n'est pas la nature, mais ce qui résulte des interactions entre l'espèce humaine et l'espace terrestre. Le mot allemand Umwelt, littéralement « le monde qui est autour de nous », correspond à cela. Ainsi, les vaches pie noir représentées ci-dessus n'existent pas dans la nature, mais proviennent des croisements réalisés par les éleveurs pour obtenir le rendement laitier le plus élevé, tout en obtenant une viande de qualité bouchère. Cette race bovine correspond à une logique productiviste. De même, la plupart des paysages « naturels » sont en réalité façonnés par l'homme : les forêts primaires sont devenues très rares, la plupart des forêts ont été plantées.

❑ Ce thème, comme la plupart des autres thèmes du programme, est articulé autour d'une dialectique, en l'occurrence la dialectique entre exploitation et protection de l'environnement.

➙ Une dialectique est une relation entre des notions opposées qui se conditionnent mutuellement (par exemple la guerre et la paix, le maître et l'esclave). Est dialectique une pensée qui progresse par confrontation des idées et dépassement de leurs contradictions. Un plan dialectique est du type thèse (l'idée de départ), antithèse (l'idée opposée) et synthèse (le dépassement). Les grands philosophes ont ainsi été des dialecticiens.

❑ Dans le cas du littoral de Poméranie occidentale, le choix a été fait de protéger fortement un espace préservé jusque-là pour des raisons qui n'avaient rien d'écologiques : l'existence de terrains militaires de l'époque nazie à la fin de la Guerre froide ; la volonté du régime communiste de freiner l'accès au littoral d'où l'on pouvait fuir vers la Scandinavie ou l'Allemagne de l'Ouest. Le modèle des parcs nationaux s'inspire de l'exemple américain. Il est par ailleurs possible que le dernier gouvernement de la RDA, qui n'était plus communiste, ait pensé aux conséquences de la spéculation immobilière dans un système capitaliste, afin d'éviter le bétonnage des côtes que l'on peut observer, par exemple, sur certaines portions du littoral espagnol, comme à Benidorm. L'Allemagne s'efforce de concilier protection et valorisation par le tourisme. Dans l'île germano-polonaise d'Usedom, voisine du parc national, un gisement offshore de gaz naturel a été récemment découvert par une société canadienne et pourrait produire à la fois pour la Pologne et pour l'Allemagne.

➪ Pour le 5/9 :

  1. Revoir le cours.
  2. Lire attentivement le texte d'Élisée Reclus.

Vendredi 5 septembre 2025

Lire : Une première prise de conscience de la question environnementale à l'époque de la révolution industrielle. Élisée RECLUS, « Du sentiment de la Nature dans les sociétés modernes », 1866 (extraits, version annotée).

 



Élisée Reclus, photographié par Paul Nadar vers 1900. © Musée d'Orsay.

Analyse :

Né en 1830 et mort en 1905, Élisée Reclus a été l’un des plus grands géographes français du XIXe siècle. Contemporain de la révolution industrielle, il a aussi été l'un des précurseurs de la géographie de l'environnement. Dans ce texte, « Du sentiment de la nature dans les sociétés modernes », il tente de concilier l’exploitation de la nature qu’il approuve et la destruction des milieux naturels qu’il déplore.

Par certaines remarques, Reclus montre qu’il est un homme du XIXe siècle. C’est un progressiste résolu ; selon lui, le progrès des sciences et des techniques fait avancer l’humanité. La première phrase signifie qu’il voit dans l’occupation de la terre la vocation de l’humanité. Il se plaît également, dans le dernier paragraphe, à évoquer les explorateurs qui, à l’époque, parcourent le monde à fin de reconnaître les dernières terres inconnues. Élisée Reclus est aussi influencé par la Révolution française. C’est pourquoi, à la fin du deuxième paragraphe, il évoque « le despotisme des prêtres et des rois ». Cette expression prend son sens si l’on se souvient que le texte de Reclus est publié sous le Second empire. L’anarchiste qu’est Reclus voit dans l’empereur Napoléon III (1852–1870) une nouvelle figure du despotisme. En 1866, le régime républicain auquel aspire Reclus est toujours à faire.

De même, le thème du sentiment de la nature vient d’une inspiration romantique. Pour les romantiques, qui dominaient la scène littéraire pendant la jeunesse de l’auteur, le sentiment de la nature est une donnée essentielle. Depuis Rousseau, on admettait que c’est au contact de paysages sublimes que se fait l’éducation morale des individus. Élisée Reclus dit au fond la même chose : pour lui, l’homme ne peut s’épanouir qu’au milieu d’une nature belle, Il convient donc de la respecter et d’en préserver la beauté : il ne faut pas (lignes 21-22) que « toute poésie [disparaisse] du paysage ».

Cette idée du sentiment de la nature, qui donne son titre à l’article, nous amène à ce qui fait la modernité d’Élisée Reclus. Celui-ci envisage en effet une « harmonie » entre l’homme et la nature (lignes 17-19). Il reproche aux « soi-disant positivistes », c’est-à-dire à ceux qui font au progrès une confiance aveugle, de ne pas penser à la nécessaire préservation de la nature. D’où les reproches de brutalité (ligne deux), d’imprudence (ligne 20), jusqu’à l’idée que les sociétés qui détruisent la nature pourraient un jour avoir à « s’en repentir » (ligne 21).

 

Comment penser la question environnementale ?
Les penseurs de l'écologie

Écouter l'Émission Soft Power, sur France culture, diffusée le 1er décembre 2019. [1h19min20s]

❑ Un point important : la prise de conscience des questions écologiques dans les années 1970. La raison tient à la croissance rapide (les « Trente glorieuses » 1945-75), qui correspondent à l’avènement de la société de consommation et aussi à une pollution croissante. C’est le contexte de l’émergence de l’écologie politique:


Affiche du parti régionaliste Union Démocratique Bretonne en 1978.

➪ Pour le 8/9 :

  1. Revoir le cours.
  2. Lire l'article du Monde du 2 septembre : « Les rejets carbonés augmentent dans le monde ».

Lundi 8 septembre 2025

❑ Penser l’environnement : les « éco-intellectuels ». Qui sont-ils ?