En 1970, à Moscou et Varsovie, le chancelier ouest-allemand Willy Brandt reconnaît la frontière germano-polonaise fixée en 1945 à la conférence de Potsdam. L'Allemagne vaincue n'y participait pas. Cette reconnaissance s'inscrit dans le contexte de la Détente, une phase de la Guerre froide dont Brandt profite pour mener à bien sa politique à l'Est (Ostpolitik), destinée à surmonter la division de l'Allemagne. En reconnaissant la frontière sur la ligne Oder-Neisse, la RFA rassurait sur ses intentions pacifiques. Elle marginalisait aussi la RDA (en allemand DDR ; l'Allemagne de l'Est communiste), qui était directement concernée par cette frontière. L'attention prioritaire de Moscou et de Varsovie aux positions de Brandt montrait que pour l'URSS et la Pologne (Polen en allemand), malgré leurs discours officiels, l'Allemagne qui comptait vraiment était la RFA. Le caricaturiste admire le chancelier social-démocrate Willy Brandt. Celui-ci obtint le prix Nobel de la paix en 1971 pour ses efforts afin de consolider la paix en Europe.
Premières HGGSP
Thème 3 : Étudier les divisions politiques du monde : les frontières.
lundi 8 décembre 2025
Axe 2 : Les frontières en débat
A gauche, des soldats de la Wehrmacht, l'armée de l'Allemagne nazie, envahissent la Pologne le 1er septembre 1939. C'est le début de la Seconde guerre mondiale en Europe. A droite, la frontière germano-polonaise aujourd'hui, dans l'île partagée d'Usedom / Uznam, sur la mer Baltique. Une promenade transfrontalière y a été aménagée comme un symbole de réconciliation. Depuis 2004, Allemagne et Pologne font parties l'une et l'autre de l'Union européenne. Pourtant, la frontière a été récemment fermée, de manière temporaire, afin d'empêcher l'entrée de migrants venant de Biélorussie vers l'Allemagne. Elle a depuis été rouverte.
A. Reconnaître la frontière : la frontière germano-polonaise de 1939 à 1990, entre guerre et diplomatie.
Comment fixer une frontière ? Par la guerre ? Ou par la diplomatie ?
1. Le problème de fond : il ne suffit pas de tracer une frontière, il faut qu’elle soit reconnue. La reconnaissance de la frontière par les États concernés permet d’en garantir le tracé, d’éviter des guerres.
On peut distinguer deux types de reconnaissance :
- de droit (de jure) : c’est l’idéal, chaque État concerné est d’accord sur le tracé. Celui-ci est consacré par le droit international.
- de fait (de facto) : quand un accord de jure est impossible, parce que les États concernés ne sont pas d’accord entre eux. Mais ils peuvent tout de même, pour préserver la paix, supporter le tracé existant, tout en espérant le modifier plus tard à leur avantage.
2. Le cas de la frontière germano-polonaise :
➪ Les fluctuations de la frontière germano-polonaise avant, pendant et après la guerre froide. Voir aussi livre p. 214-215.
- Celle d’aujourd’hui date de 1945. Elle est fixée à la conférence de Potsdam du 17 juillet au 2 août 1945, par les États-Unis, l’URSS et le Royaume-Uni. Elle était censée être provisoire, jusqu’à la conclusion d’un traité de paix.
- Un contexte où plusieurs traumatismes se conjuguent :
- les Polonais massacrés et asservis par les nazis ;
- la Pologne, lieu du génocide des juifs et des tziganes;
- et les Allemands déplacés vers l’Ouest en 1945 (un million de morts, nombreux viols, mais on les plaignait peu en raison des crimes nazis).
Affiche du parti de centre-droit CDU (Union chrétienne démocrate) ouest-allemand en 1947, contre la reconnaissance de la frontière germano-polonaise sur la ligne Oder-Neisse, qui faisait perdre à l'Allemagne les provinces de Poméranie, Silésie et Prusse orientale.
- L’Allemagne perd ses trois provinces orientales (Poméranie, Silésie et Prusse orientale).
- Le provisoire se prolonge à cause de la guerre froide (donc, pour des raisons géopolitiques) : il n’y a pas eu de traité de paix ⇒ des inquiétudes à la fin de la GF (cf. le texte de J. Attali).
➪ Un exemple des tensions liées à la frontière germano-polonaise à la fin de la guerre froide : le témoignage de Jacques Attali, conseiller de François Miterrand.
A gauche une manifestation d'Allemands de l'ouest en 1970, contre la reconnaissance de la frontière germano-polonaise sur la ligne Oder-Neisse par Willy Brandt. Les banderoles disent qu'ils ne reconnaîtront « jamais » cette frontière, qui faisait perdre à l'Allemagne, depuis 1945, ses provinces de Silésie, Poméranie et Prusse orientale (cette dernière partagée entre Pologne et URSS, puis Russie, d'où l'exclave russe de Kaliningrad). A droite, la reconnaissance officielle de la frontière germano-polonaise par le ministre des Affaires étrangères allemand Hans-Dietrich Genscher et son homologue polonais Krystof Skubiszewski à Varsovie le 14 novembre 1990. La guerre froide est alors terminée, l'Allemagne réunifiée depuis le 3 octobre tient avant tout à rassurer ses voisins.
jeudi 11 décembre 2025
➣ Séance en salle polyvalente avec Mme Hélène Le Borgne, fonctionnaire à la Commission européenne, en charge des politiques de santé publique. Elle nous explique son parcours, ce qu'elle fait pour la Commission, quelles sont les institutions européennes et comment elles fonctionnent. Elle répond ensuite aux questions des élèves.