Un exemplaire de la bible de Gutenberg, imprimée en 1455 à Mayence (Allemagne, alors Saint-Empire romain germanique). On appelait le Rhin la « rue des imprimeurs ». Celui-ci est conservé aux États-Unis. © Wikipedia.

3 février 2025

Histoire – Renaissance, Humanisme et réformes religieuses : les mutations de l’Europe.

➣ Pourquoi le XVIe est-il à la fois le siècle de la Renaissance et celui des réformes ?

Introduction : Renaissance et humanisme

La Renaissance est une redécouverte de l’Antiquité (ce qui suggère implicitement que le Moyen Âge a été une époque de recul et d’obscurantisme. Ce n’est pas vrai).

 


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❑ Un exemple, le David de Michel-Ange (vers 1501-1504) à Florence. Un sujet biblique : David tue le géant Goliath. Le jeune héros devient ensuite roi d’Israël. Mais une réalisation qui évoque plutôt l’Antiquité grecque : ce David ressemble à un Apollon, dieu du soleil, des arts et de la beauté. C’est une glorification de la beauté du corps humain (ici masculin), avec un choix esthétique (le nu) qui renoue avec l’Antiquité et rompt avec le Moyen Âge. L’humanisme met l’être humain au centre des préoccupations.

 


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❑ Entre le Moyen Âge et la Renaissance, les représentations et les choix esthétiques changent. Une nativité du XIIe siècle (à gauche) représente la naissance de Jésus de manière figée et codifiée (auréoles dorées, parfois fond doré). La Nativité de Ghirlandaio (aussi appelée L’Adoration des bergers, 1485, à droite) se distingue par la perspective. Celle-ci est soulignée par des monuments romains (colonnes, tombeau-abreuvoir, arc de triomphe). Le paysage est celui de la Toscane. Marie est une belle jeune femme de type italien. L’un des bergers est Laurent de Médicis, duc de Florence et commanditaire du tableau. Les auréoles se font plus discrètes ; on passe du sacré au prophane.

 

Le Quattrocento (= les années 1400 à 1499) est le nom italien du XVe siècle. L’Italie était en avance. La Renaissance y commence au Quattrocento.

Le sacré est ce qui est de l'ordre du religieux et doit inspirer crainte ou respect, ce qui signifie aussi que, souvent, le sacré peut servir à légitimer la violence contre ceux qui ne le respectent pas (les « sacrilèges »). On appelle prophane ce qui ne relève pas du sacré.

6 février 2025

➙ Devoir de géographie sur le chapitre 3 : La France : dynamiques démographiques, inégalités socio-économiques.

7 février 2025

1 | L'imprimerie, une révolution dans le rapport à la connaissance

Le papier, « multiplicateur » du livre

L'historien Pierre Chaunu (1923-2009) a été l'un des grands spécialistes de l'histoire du XVIe siècle. dans son livre, Le temps des réformes (1975), il explique qu'à côté de l'imprimerie, le véritable multiplicateur du nombre des livres a été le papier, un support bien moins coûteux que le parchemin.

 

La révolution du livre, c'est d'abord le papier. Le papier allège le livre, il le rend portatif et fragile, en diminue le prix dans des proportions difficiles à fixer, de plusieurs fois 10 à 1 ; le papier multiplie la surface couverte de signes dans la même proportion. Le livre est antérieur, pourtant, à la double révolution du papier et de l'imprimé. Par le latin, il est resté jusqu'au XVe siècle, dans une proportion écrasante, un des atouts du privilège universitaire. Le système universitaire intègre aussi des réseaux d'ateliers de copistes. Que plus de deux mille exemplaires (sans compter les exemplaires perdus) des traductions latines d'Aristote, des XIIIe et XIVe siècles, soient parvenus jusqu'à nous prouve à la fois la puissance de l'appareil traditionnel de diffusion universitaire du livre savant latin et la solidité de l'ancien support matériel : le parchemin. Le papier est apparu en Italie au XIIe siècle.

 

➙ Un humaniste passionné par l'imprimerie : Érasme à Venise chez l'imprimeur Alde Manuce (1508), d'après l'historien Johan Huizinga (1872-1945).

Érasme (1466-69?-1536), moine néerlandais, a été appelé le « prince [dans le sens de premier, princeps en latin] des humanistes ». Excellent latiniste – il parle et écrit le latin comme une langue vivante –, il apprend le grec ancien à trente ans. Il développe dans ses nombreux écrits sa philosophia Christi (philosophie du Christ), dans laquelle il met sa propre modération. La soif de connaissance l'amène à parcourir la Chrétienté, de Paris où il fait ses études à Bâle et Venise, chez ses imprimeurs. Il est le correspondant (toujours en latin) et l'ami de Thomas More, le conseiller du pape et de l'empereur Charles Quint. En 1516, son essai, L'Éloge de la folie dénonce avec verve et humour les abus de l'Église et induit l'idée de réforme. Mais il souhaite préserver l'unité de la Chrétienté. Confronté à Luther, il correspond avec lui pour éviter le schisme, mais c'est en vain. Les dernières années d'Érasme ont été assombries par cet échec qui devait aboutir après sa mort aux guerres de religion.

24 février 2025

❑ Les conséquences de la révolution du livre imprimé :

Mais il y a aussi des conséquences sur le plan religieux :

2 | Le siècle des réformes

Un pape en enfer, extrait du Jugement dernier de Martin Schaffner (1478-1547). La peinture date des années 1496 à 1499. Elle est exposée au Musée des Augustins de Fribourg en Allemagne. Qu'a voulu dire le peintre ? Il est difficile de donner une réponse précise. Mais cette représentation d'un pape qui refuse de voir le mal est caractéristique de l'esprit du temps.

➣ Pourquoi un obscur moine allemand, Luther, s'oppose-t-il au pape en 1517, et comment cela entraîne-t-il un schisme dans la Chrétienté d'Occident ?

❑ L’accès à la Bible (grâce à l’imprimerie) montre les contrastes entre le message chrétien (l’idéal de simplicité, le vœu de pauvreté, l’esprit de charité) et la réalité de l’Église (luxe inouï, cupidité, soif de pouvoir).

❑ Érasme et d’autres reprennent ces critiques et les diffusent. On s’indigne, surtout en Allemagne, des « abus » de l’Église. Cela d’autant plus que la mort est très présente dans la vie quotidienne, avec l’angoisse du salut (le fait d’être sauvé, donc d’aller au paradis et non en enfer).

❑ En 1517, un moine allemand, Luther (1483-1546), reprend les critiques contre l’Église en 95 thèses (affirmations), qui dénoncent principalement le commerce des indulgences : l’Église vendait des remises de peine sur le purgatoire pour aller plus vite au paradis après la mort. Luther s’oppose publiquement au pape, ce qui exacerbe le conflit. Le pape l’excommunie.

27 février 2025

Le 10 décembre 1520, Luther brûle publiquement la bulle « Contre les erreurs de Martin Luther et de ses disciples », publiée le 15 juin par le pape Léon X. Luther est ensuite excommunié le 3 janvier 1521. © Bibliothèque nationale de France.

 

L’excommunication : l’exclusion d’une personne de l’Église catholique, décidée par le pape. La communion (partage du pain et parfois du vin pendant la messe) étant le rite central du christianisme (le pain et le vin correspondant à la chair et au sang de Jésus).

❑ Un schisme = une division dans une église.

➣ Pourquoi ce schisme ? Voir le poly sur la Réforme : Extraits des 95 thèses de Luther (1517) et de la Confession d'Augsbourg (1530).

 

➙ Analyse d'un tableau de Cranach : Un prêche de Luther (1547).

❑ Pour rendre la Bible accessible à tous, Luther la traduit du latin en allemand. De même, d’autres réformateurs réalisent des traductions.

 

28 février 2025

❑ Les questions religieuses passionnent les Européens du XVIe siècle, mais c’est l’intolérance qui prévaut :