Thème 2: Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution.

 

10 octobre 2022

 

Le 24 février 2022, Vladimir Poutine a envahi l'Ukraine, dans le but d'y rétablir un gouvernement pro-russe, peut-être même d'annexer l'ensemble du pays. Dans les deux cas, il s'agissait de restaurer la puissance russe, sur le modèle de l'ancienne Union soviétique. Dès 2014, la Russie avait annexé la Crimée, et fomenté la sécession des districts du Donbass.
 
L'offensive russe s'est cependant heurtée à des difficultés imprévues : d'abord la résistance farouche des Ukrainiens incarnée par leur chef charismatique Volodymyr Zelensky ; ensuite l'appui occidental, principalement américain, qui apporte à l'Ukraine un matériel supérieur et des renseignements inestimables. La dernière difficulté pour les Russes tient à l'état de leur propre armée qui s'est avérée décevante. Le problème pour la Russie est désormais de sortir honorablement d'un conflit qui pourrait tourner au désastre.
 
La guerre russo-ukrainienne marque le retour en Europe de la guerre inter-étatique de haute intensité. Pendant la guerre froide, la dissuasion nucléaire et la construction européenne avaient préservé la paix. De même, l'URSS maintenait la paix par la force dans sa zone d'influence. L'illustration montre des canons automoteurs allemands à l'entraînement avant d'être livrés à l'Ukraine en mai dernier. Après 1945, l'Allemagne s'était longtemps abstenue de toute activité guerrière. La guerre d'Ukraine représente un tournant: sans remettre en cause leur alliance traditionnelle avec les États-Unis dans l'OTAN, les Allemands ont décidé de reconstituer une capacité militaire conventionnelle (non-nucléaire) de premier plan. Poussés par Washington, ils aident aussi l'Ukraine, mais le chancelier Scholz fait preuve de retenue : les livraisons sont lentes et limitées, Berlin se refuse toujours à livrer les chars lourds Léopard 2 que demandent les Ukrainiens. La guerre a en effet un but politique, qui n'est pas toujours clairement affiché: l'Allemagne ne veut pas que l'Ukraine soit vaincue, mais veut-elle une victoire totale de l'Ukraine dont il serait difficile de prévoir les conséquences ? Comment la Russie réagirait-elle ? Autant de questions sans réponses qui expliquent la prudence de Berlin.

Introduction : formes de conflits et types de paix dans le monde actuel.

Qu'est-ce que la guerre ? Qu'est-ce que la paix ? Quelles sont les formes de conflits et les différentes sortes de paix dans le monde actuel ?

 

Les notes de cours sont sur ProNote. Nous avons abouti, à partir de l'analyse de la guerre en Ukraine, guerre inter-étatique, à une définition de la guerre.

 

LIRE: (documents distribués en classe) :

  1. La définition de la guerre comme acte politique par Clausewitz (1780-1831), général prussien contemporain de Napoléon et théoricien de la guerre.
  2. Toujours de Clausewitz, la dynamique d'ascension aux extrêmes (ou escalade de la violence guerrière).
  3. Les incertitudes de la guerre vues par Charles de Gaulle (1890-1970).
  4. La définition de la paix par Raymond Aron (1905-1983), sociologue français.

 

13 octobre 2022

 

Les différents types de guerre : les notes sont sur ProNote.

Le documentaire d'Eroll Morris, The Fog of War (2003) est visible sur DailyMotion : liens vers la 1re partie et la 2e partie.

 

Robert MacNamara (1916-2009) était un homme d'État américain. Officier statisticien dans les forces aériennes, il fut à la fin de la Seconde guerre mondiale le subordonné du général LeMay, en charge des bombardements stratégiques sur le Japon. La campagne de bombardement stratégique du Japon en 1944-1945 s'inscrit dans le contexte d'une guerre inter-étatique. Elle est aussi représentative de l'ascension aux extrêmes. Les Américains ont intensifié les bombardements pour forcer le Japon à capituler, ce qui ne s'est produit qu'après les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki (6 et 9 août 1945). Les Américains ont justifié cette stratégie par les pertes élevées qu'aurait entraîné l'invasion du Japon. LeMay et McNamara avaient conscience que, s'ils avaient été vaincus, ils eussent été considérés comme des criminels de guerre. Pourtant, leurs actes ne constituent pas un génocide : les Américains n'ont jamais visé l'extermination du peuple japonais, leur but était de contraindre le gouvernement japonais à capituler.

De 1961 à 1968, McNamara fut le secrétaire à la défense des présidents Kennedy et Johnson. À ce titre, il fut l'un des principaux responsables de l'engagement américain au Vietnam. La guerre du Vietnam (1964-1973 pour les Américains) a été une guerre asymétrique: les États-Unis sont intervenus pour sauver leur allié sud-vietnamien d'un mouvement insurrectionnel, le Viet Cong (en réalité puissamment armé par le Nord-Vietnam communiste). Là encore, il y eut une escalade (une «ascension aux extrêmes»). Pour empêcher le Viet Cong de progresser, les États-Unis durent intensifier leurs bombardements, mais aussi augmenter le nombre de leurs soldats, d'où le recours à la conscription. Or, celle-ci fit basculer l'opinion publique américaine dans l'opposition à la guerre. Pour McNamara, l'erreur stratégique des États-Unis — donc la sienne – fut d'avoir considéré cette guerre comme un épisode de la lutte contre le communisme, alors qu'elle était avant tout, pour les Vietnamiens, un combat pour la réunification, inspiré par le nationalisme.

 

14 octobre 2022

 

Des soldats sud-coréens patrouillent le long de la zone démilitarisée qui marque la frontière entre les deux Corées depuis l'armistice de 1953. Formellement, la paix n'a jamais été conclue, et les deux États coréens restent donc en guerre, avec des tensions récurrentes et des crises épisodiques. Celles-ci relèvent parfois d'actes de guerre : le 26 mars 2010, la corvette sud-coréenne Cheonan fut torpillée, probablement par un sous-marin de poche nord-coréen ; le naufrage fit 46 morts et 58 blessés. Dans le meilleur des cas, ce type de conflit prend la forme d'une paix armée. Le cas des deux Corées n'est pas une exception; par exemple, une situation semblable existe entre Israël et la Syrie.

 

Explications des textes suivants dont les versions annotées en classe sont disponibles:

La définition de la guerre comme acte politique par Clausewitz (1780-1831), général prussien contemporain de Napoléon et théoricien de la guerre.
La définition de la paix par Raymond Aron (1905-1983), sociologue français.

 

17 octobre 2022

 

Devoir type étude critique sur le thème 5 : l'environnement.

La publication de la paix d'Aix-la-Chapelle (conclue en 1748), par Jacques Dumont, au musée du Louvre. La paix d'Aix-la-Chapelle (18 octobre 1748) mettait fin à une guerre européenne, la guerre de succession d'Autriche (1740-1748), dont l'enjeu était les territoires des Habsbourg. Elle opposa d'une part l'Angleterre, alliée aux Provinces Unies (les Pays-Bas), à l'Autriche et à la Russie, à, d'autre part la France alliée à la Bavière et à la Prusse. Paix «définitive», cette paix était fondée sur la restitution des territoires conquis de part et d'autre. En fait, elle ne réglait rien, ce qui allait déboucher sur la guerre de Sept Ans (1756-1763).
Réalisé en 1761, pendant la guerre de Sept Ans, le tableau entendait glorifier Louis XV comme un roi pacificateur, mais fort. On y voit la Paix donner au roi, en position centrale, le rameau d'olivier, symbole de la paix, qu'il offre ensuite à la ville de Paris. Cette œuvre de propagande était trompeuse : comme l'a montré l'historien Edmond Dziembowski, la défaite de la France dans la guerre de Sept Ans allait considérablement affaiblir le prestige de la monarchie française, et fut ainsi l'une des causes de la révolution de 1789.
Au XVIIIe siècle, la pratique de la guerre est très codifiée, entre États fondés sur le même principe (monarchique) et qui se reconnaissent mutuellement : on déclare la guerre et celle-ci s'achève par un traité de paix. Ce n'est plus forcément le cas au XXIe siècle.

 

 

Le traité de paix d'Aix-la-Chapelle.

 

 

20 octobre 2022

 

Fin de l'introduction du thème 2 : rappel sur les types de guerre.

 

 

21 octobre 2022

 

Le 17 mars 2022, le dessinateur américain Michael P. Ramirez, titulaire du prix Pulitzer et politiquement à droite, représente le président ukrainien Zelensky en Winston Churchill. C'est un hommage évident à la détermination de Volodymyr Zelensky. Churchill a en effet incarné la démocratie britannique seule en guerre contre Hitler de juin 1940 à juin 1941.
Mais, au-delà des intentions de l'auteur, nous pouvons aussi y voir les risques inhérents à la guerre. Selon Clausewitz, celle-ci tend vers les extrêmes. Comme Churchill, Zelensky tend à attirer les États-Unis dans la guerre, car c'est pour lui la seule manière de l'emporter. De 1940 à 1941, Roosevelt hésita longtemps, et ce n'est pas lui qui décida d'entrer en guerre : le Japon ayant attaqué les États-Unis à Pearl Harbor, Hitler déclara à son tour la guerre à l'Amérique quatre jours plus tard.
En 2022, le fait nucléaire crée une situation très différente. Il devrait amener Joe Biden à faire le choix d'une guerre limitée, donc à éviter l'affrontement direct avec Moscou. Si la dissuasion fonctionne, Vladimir Poutine devrait lui aussi éviter une guerre ouverte avec l'OTAN. Pour le moment, l'épreuve de force continue ; chaque belligérant espère vaincre l'autre sur le champ de bataille, ce qui explique l'absence de négociations sérieuses jusqu'ici.

Séance principalement consacrée aux oraux : revues de presse et exposés.