Le lycée de l'Iroise sous la neige le 2 décembre 2010 en début d'après-midi. Les épisodes neigeux sont plutôt rares et de courte durée sous le climat océanique breton. Celui de 2010 avait fortement perturbé la circulation, empêchant le ramassage scolaire pendant quelques jours. Avec le réchauffement climatique, la rareté de tels événements augmente : depuis 2010, le lycée n'a pas connu de situation comparable.
Thème 5 : l'environnement entre exploitation et protection : un enjeu planétaire.
Lundi 22 septembre 2025
Axe 2 | Le changement climatique : approches historique et géopolitique.
A. Les fluctuations climatiques et leurs effets : l’évolution du climat en Europe du Moyen Âge au XIXe siècle.
Comment est née l'histoire du climat ? L'historien Emmanuel Leroy-Ladurie (1929-2023) explique dans son Abrégé d'histoire du climat (Fayard, 2007), comment le climat est devenu son domaine de recherche (version annotée en classe).

La quatrième de couverture du livre d'Emmanuel Leroy-Ladurie, Histoire du climat depuis l'An Mil, publié en 1967 (ici dans sa plus récente réédition en 2020). Lié à l'école des Annales, disciple de Fernand Braudel (1902-1985), Emmanuel Leroy-Ladurie (1929-2023) a été le pionnier de l'histoire du climat. Le titre de l'ouvrage («depuis l'An Mil») indique la prise en compte du temps long, caractéristique de Braudel. Pour se rendre compte des critiques qui ont accompagné la réception des travaux d'Emmanuel Leroy-Ladurie, on peut lire le compte-rendu nuancé, critique, mais finalement élogieux, que la revue Population fit de ce livre lors de sa parution.
➣ Voir: Emmanuel Leroy-Ladurie (ELRL) au journal télévisé de France 3, le 23 septembre 2006, sur l'influence du climat à travers l'histoire.
Mercredi 24 septembre 2025
❑ Le climat : l’ensemble des conditions météorologiques à une échelle donnée, mais aussi pour une période donnée (puisqu’il est variable). Les périodes sont longues ; le climat correspond au « temps long » des historiens.
❑ ELRL a montré que l’histoire peut repérer et décrire des cycles climatiques anciens, avant qu’il existât des mesures précises des températures et des précipitations. Les chroniques, l’iconographie, mais aussi les registres paroissiaux (naissances, mariages et décès), tenus par les prêtres, renseignent sur les accidents climatiques.
❑ Les cycles climatiques depuis le XIe siècle :
- le « petit optimum » (XIe-XIVe siècle) : un réchauffement qui favorise les défrichements ⇒ hausse de la production céréalière et croissance économique et démographique. A partir du XIIe siècle (sources historiques et carottes glaciaires) la tendance des températures s’inverse.
- le « petit âge glaciaire » (PAG, XIVe-début du XVIIIe siècle) : un refroidissement dont il reste des traces dans les documents historiques. Cela explique les difficultés de la fin du règne de Louis XIV (1661-1715) en F, également imputables aux guerres.
❑ Exemple : le « grand hiver » de 1709. (p. 358).
- Un épisode de froid prolongé, qui détruit une grande partie des semences, avec une récolte catastrophique. ⇒ une réaction de l’État : Louis XIV, pour éviter des émeutes (liées à la disette, voire la famine, et à la spéculation), fait recenser les stocks de semences (déclarat° obligatoire) ; le procureur d’Aguesseau, qui fait réquisitionner des stocks de blé, acquiert une grande popularité, puisqu’il prévient ainsi la cherté du pain et la disette.
- voir aussi p. 359 le texte d’ELRL sur les causes climatiques de la Rév° fr.
❑ Autre exemple, la Révolution française :
- 1788 : le « grand orage », suivi d’un hiver froid => une hausse des prix du grain et des émeutes. Une « cherté », et la crainte d’une crise de subsistance (disette), mais pas une famine (contrairement à 1709). On n’est plus ds le PAG, et la paix règne.
- Louis XVI ne prend pas immédiatement conscience des risques politiques liés à la crise alimentaire. C’est Necker, nommé ministre en août 1788, qui prend les premières mesures : interdiction des exportations de grain, importation de blé américain pour faire baisser les prix.
➙ ELRL : le climat a peut-être fourni l’élément déclencheur, la « gâchette », de la Rév°.
➣ LIRE Les glaciers du massif des Écrins témoins des variations climatiques (revue du Parc national des Écrins).
B. Le climat, enjeu des relations internationales : les accords internationaux (Sommets de la Terre, COP…)
Vendredi 26 septembre 2025
La diplomatie de l'environnement : François Mitterrand au sommet de la Terre à Rio de Janeiro le 13 juin 1992.
➣ Document : les enjeux géopolitiques de l'environnement à la fin du XXe siècle, d'après le discours de François Mitterrand à Rio (version annotée en classe).
Le sommet de la terre de Rio
❑ L'année 1972 permet de dater la prise de conscience de la question environnementale à l'échelle mondiale. C'est l'année du rapport du MIT, mais aussi de la création du Programme des Nations-Unies pour l'environnement (PNUE). Une conférence sur l'environnement se tient à Stockholm. Tout cela nourrit, vingt ans plus tard, le sommet de la Terre de Rio.
➣ Voir l'extrait des actualités. JT d'Antenne 2 présenté par Bruno Masure.
❑ Le discours de François Mitterrand à Rio s'inscrit dans le contexte de la fin récente de la guerre froide et de l'approfondissement de la construction européenne (le traité de Maastricht a été signé en 1991, il n'est pas encore ratifié). Le discours reprend les idées du rapport Brundtland (la notion de « développement durable »). Mitterrand insiste sur le lien entre développement et croissance écologique, propose de résoudre le problème par des transferts de technologie. Il est conscient des réticences des pays du Sud, qui vont dire que les pays du Nord sont responsables de la crise environnementale, en d'autres termes que l'écologie est un « luxe de nantis ».
On peut observer que la diplomatie environnementale permet à la France de mettre en valeur son rôle de membre permanent du CSONU et de pilier de la construction européenne. On est en plein dans le difficile débat en vue de la ratification du traité de Maastricht qui crée l'Union européenne. Ce débat montre l'existence dans l'opinion d'un clivage sur la construction européenne. Or, la conférence de Rio permet de relier entre elles les différentes échelles et de redonner du sens au projet européen.
Mitterrand, d'abord sceptique sur la diplomatie environnementale (selon les commentaires du JT), a donc vu le parti que l'on pouvait tirer de cette nouvelle forme de diplomatie, à la fois en politique intérieure (l'écologie étant une préoccupation croissante de l'opinion publique) et internationale. En revanche, les actes ne suivent pas les paroles : en 1981, Mitterrand avait envisagé de porter à 1% du PIB l'aide au développement (elle passe de 0,64% à 0,71% en 1981-1982). En 1992, la réalité était de 0,56% et l'ambition ramenée à 0,7%. Ce nouvel objectif, revu à la baisse, n'a pas été tenu, puisque les chiffres sont de 0,43% en 1996 et 0,32% en 2001 (rapport du Sénat). En 2023, le chiffre était de 0,55%.
Lundi 29 septembre 2025
Devoir de type étude critique en deux heures centré sur l'axe 1 du thème 5. Il est utile de revoir l'ensemble du thème 5. La fiche méthode est autorisée.
Mercredi 1er octobre 2025
La diplomatie des « conférences des parties » (COP)

❑ LIRE : Les émissions de CO2 en infographies : trajectoires, enjeux et solutions, sur le site des Échos (25 janvier 2021.)
- une diplomatie à l’échelle planétaire ;
- un exemple de multilatéralisme ;
- ce qui sert à la fois les intérêts de l’ONU et ceux de la F, membre permanent du CSONU.
⇒ les COP :
- la 1re (COP 1) à Berlin en 1995. L’image d’une Allgne rassurante, alors incarnée par la jeune ministre de l’environnement, Angela Merkel (l’environnement devient un thème porteur pour une carrière politique).
Angela Merkel, née en 1954, lors de la COP 1 à Berlin en 1995. - la COP 3 (Kyoto, 1997) propose le 1er cadre de réduction des émissions de GES. C’est la 1re décision importante pour lutter contre le réchauffement climatique. les E-U, malgré la bonne volonté de l’administrat° Clinton, ne ratifient pas le protocole de Kyoto (le Congrès républicain est souverainiste).
- la COP 15 de Copenhague en 2009 voit s’opposer les pays industrialisés du nord et les pays émergents. Ces derniers refusent de sacrifier leur croissance pour lutter contre un réchauffement dont le nord est selon eux responsable. Les E-U sont alors revenus à une attitude plus coopérative avec Obama. Donc une impasse.
Affiche diffusée à l'occasion de la COP 15 à Copenhague (2009). Elle joue sur le nom de Copenhague, la capitale du Danemark, et sur le mot anglais « hope », l'espoir. On y retrouve l'idée de la responsabilité pour les générations futures, voire de mobilisation de la jeunesse, ce qui aboutit en 2019 au mouvement Youth for climate lancé en Belgique à l'appel de Greta Thunberg. A Copenhague, l'espoir fut déçu, parce que les pays du Sud refusèrent de compromettre leur croissance à cause d'une pollution créée par les pays du Nord. Un accord fut conclu, mais il annonçait des intentions quant à la limitation des émissions de GES, en évitant un engagement ferme. Critique de l’affiche : une opération de communication. L’affiche est financée par des « FTN citoyennes » (« corporate citizens » ) comme Siemens et Coca Cola, dont on peut douter qu’elles aient fait des efforts significatifs au-delà de cette campagne (un exemple de « greenwashing »).
- D’où l’importance de la COP 21 de Paris en 2015, dont François Hollande fait un grand enjeu de son mandat présidentiel. Il en confie la présidence à Laurent Fabius, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
➣ Un sujet d'étude critique sur la COP 21 de Paris en 2015 et corrigé détaillé de cette étude critique .

12 décembre 2015 : le coup de marteau de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et président de la COP 21 annonce la conclusion de l'accord de Paris sur le climat. A gauche Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU et à droite François Hollande, président de la République.